ETTA ET OTTO (ET RUSSEL et JAMES), par Emma Hooper

Pourquoi ce livre

Il y a quelques jours, j'ai adhéré à un groupe facebook, Objectif PAL (Pile à Lire). Le but est dire lire chaque mois au moins un livre sorti de la PAL où il doit être depuis six mois au moins. Rien de bien compliqué à trouver me concernant puisque j'ai toujours une PAL énorme. Elle n'est, en grande partie, pas constituée de livres achetés en librairie. Ceux là, je m'astreins à les lire en priorité. Par contre, je vais régulièrement fureter à un Emmaüs proche de chez moi et qui, grâce à quelques bénévoles géniaux, a un rayon livres quasiment dignes d'une librairie, ou au moins d'une librairie qui vendrait des livres d'occasions. Donc, à chaque fois que je vais là-bas, je ressors avec quatre ou cinq romans. Je m'arrête aussi souvent à un "banc pour livres sauvages", où je dépose des titres mais, évidemment, en trouve toujours aussi. Je lis entre trois et six livres par mois donc forcément, la PAL a parfois tendance à augmenter... Parfois je me dis que je souffre de Tsundoku !

Etta et Otto (Et Russel et James) est justement un livre trouvé à Emmaüs. Je l'ai acheté parce que la couverture est jolie, parce que l'intrigue se déroule en Amérique et parce que l'idée de ce long voyage à pied pour aller voir l'océan me plaisait.

Mon avis

Le roman s'ouvre sur une lettre d'Etta, 83 ans, à son mari Otto. Elle lui annonce qu'elle a décidé de partir à pied pour aller voir l'Océan, à plus de 3200 kilomètres de là. Elle promet à Otto d'essayer de ne pas oublier de revenir et lui laisse quelques recettes de cuisine pour que lui n'oublie pas de se nourrir. En chemin, Etta va rencontrer James, un coyote parlant. Son périple va aussi susciter l'engouement des foules, sa progression fera l'objet d'articles de presse. En parallèle de ce road trip pédestre, l'enfance et la jeunesse d'Etta, d'Otto et de Russel sont aussi racontés. J'ai trouvé que ces passages étaient moins intéressants que ceux relatant la marche d'Etta et la réaction d'Otto laissé seul. Au mieux, ils aidaient à comprendre la relation actuelle des personnages mais sans rien apporter à l'aspect très onirique de la balade d'une vieille dame vers l'Océan.

J'ai lu Etta et Otto (et Russel et James) juste après My Absolute Darling. L'ambiance du livre, très sépia, légère et optimiste, malgré la gravité des sujets évoqués, a été comme une respiration après la claque du roman de Gabriel Tallent. Je ne sais pas si j'ai vraiment compris le livre d'Emma Hooper mais, pour moi, le chemin d'Etta est une métaphore sur Alzheimer, sur l'oubli progressif des souvenirs. Le quotidien d'Otto est l'illustration du travail de résilience à faire pour celui qui reste, surtout si celui-ci n'avait pas appris à gérer avant les petits détails simples de la vie, comme se faire à manger. J'ai beaucoup aimé le "personnage" de James, une sorte de pendant américain au renard de Saint Exupery. L'écriture d'Emma Hooper est épurée, précise, poétique. J'ai lu que certains lecteurs n'avaient pas aimé que les dialogues ne soient pas explicitement signalés comme tels dans la syntaxe (il n'y a pas de guillemets, de tirets). Ce n'est pas le premier livre que je lis et où un tel procédé d'écriture est adopté. Récemment, j'ai lu Le Sillon où les échanges entre les personnages sont retranscrits ainsi . Quand c'est bien fait, comme ici et dans le livre de Valérie Manteau, l'impression donnée est celui d'une immersion dans l'esprit des personnages.

Conclusion : si vous cherchez une lecture sympathique, relativement facile mais pas non plus simpliste, un peu de poésie dans un zeste de nature, vous aimerez Etta et Otto (et Russel et James). Je serais par contre bien curieuse de savoir comment d'autres lecteurs ont compris la fin du livre !

Sur booknode, j'ai classé le titre en bonze.

Comments

[Antigone]

Il est parfait ton blog ;). Petite astuce : n'hésite pas à aller commenter les autres blogueuses afin de générer de la visite chez toi. Sinon, j'ai beaucoup aimé lire le roman que tu présentes aujourd'hui, pour ma part. Il est très loin d'être mièvre, l'absence de marquage des dialogues ne me gêne jamais et je me rappelle d'un récit très lumineux. Assez d'accord avec toi en somme; Mais mince alors je ne me souviens plus du tout de la fin. ;) Sois la bienvenue dans ce challenge, qui a le mérite de remettre en mémoire quelques très bons romans comme celui-ci !!