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Du temps pour lire
3 janvier 2019

SHORE, par Sara Taylor

 

shore

Pourquoi ce livre ?

J'avoue ne plus savoir par où ce livre a atteri dans ma PAL. Il n'y a pas de prix inscrit au crayon dedans donc j'en déduis qu'il ne vient pas d'Emmaüs. J'ai du le trouver dans l'armoire à livres sauvages où j'ai mes habitudes. La quatrième de couverture ne pouvait en tout cas qu'attirer mon attention :

"Au large de la Virginie, un archipel oublié des Américains et du reste du monde, Shore, abrite depuis des siècles deux familles isolées par l'océan. Sur le rivage, on croise des chevaux sauvages parcourant des terres à la rare végétation, des routes parsemées de coquilles d'huîtres, des maisons délabrées, abandonnées par des femmes dans la misère, fuyant un mari ou un père irascible, capable de meurtre. À l'abri des regards, ces mêmes femmes s'adonnent à la magie noire. Elles luttent contre la sécheresse de leur terre, la violence des hommes, la pauvreté, sans jamais perdre de vue l'amour qu'elles portent à leur famille."

Saga sur plusieurs génarations, drames familiaux, Amérique rurale : voici des ingrédients pour me faire vouloir lire un roman !

 

Premières phrases

1995 - Entraînement au tir

Quand la nouvelle du meutre commence à circuler, je suis chez Matthew's, en train d'acheter des cous de poulet pour aller à la pêche auxcrabes avec ma petite soeur Renée. Il n'y a pas grand chose à manger dans la maison, mais on a trouvé 1,63 dollar en petite monnaire et on a décidé que le mieux serait de les dépenser pour récolter des crabes gratuits. D'habitude, on se sert de couenne de bacon comme appât, mais on l'a déjà toute mangée.

Je suis accroupie devant les pâquets de gâteaux rangés sur une étagère basse quand une femme m'enjambe pour aller à la caisse. Matthew's est un tout petit magasin, et les étagères sont très rapprochées. Quand Maman nous emmenait avec elle pour acheter à manger, Renée et moi faisions un concours, à celle qui irait à cloche-pied de la porte d'entrée juqu'à l'étal de boucherie au fond en le moins de sauts possible - j'y arrivais en sept. C'est une très grosse femme, avec un équateur en guise de taille. Elle marche pesamment, tout son corps tremble à chaque pas, et un instant, j'ai peur qu'elle tombe et qu'elle m'écrase. Elle dépose sur le tapis roulant une dizaine de boîtes de conserve - du porc aux haricots -, sort son carnet de coupons alimentaires, puis fouille dans le décolleté de sa robe rouge et tire de son soutien-gorge un billet de 10 dollars tout chiffonné pour s'acheter un paquet de cigarettes mentholées.

- Tu es au courant de ce qui est arrivé à Cabel Bloxom ? demande-t-elle à la caissière (qui n'est pas au courant). Ils l'ont trouvé dans Mutton Hunk Creek, enfoncé dans la vase jusqu'à la taille. La figure en bouillie, et tout gonflé d'être resté dans l'eau. Sa petite amie l'a identifié grâce à son tatouage dans le dos.

 

Ce que j'en dis

Shore raconte l'histoire, sur plusieurs générations, de deux familles qui ont en commun d'avoir une ascendante commune, il y a plusieurs générations en arrière, une femme nommée Médora. Celle-ci,dans la deuxième moitié du 19ème siècle, est la seule fille reconnue, bon gré mal an, par un riche planteur du Kentucky. Sa mère est une indienne Shawnee qui est mise à l'écart puis chassée de la plantation. Médora est une bâtarde et, même si son père lui assure éducation et confort relatif, elle mêne une enfance difficile, le plus souvent cloîtrée dans sa chambre quand elle n'est pas battue ou humiliée. Andrew Day se présente un jour à la plantation. Médora et voit en lui une porte de sortie, l'occasion de fuir son père, non sans lui avoir fait payer avant toute la violence subie. L'union avec Andrew n'est pas une réussite, bien que deux enfants viennent aggrandir leur famille. Lors d'une dispute, Médora échappe de peu à la mort. Elle trouve refuge dans les marais de Virginie, elle est recueillie et soignée par Nittawasew, une indienne Accawmacke de la Confédération des Powhatans. Avec elle, Médora perfectionne son apprentissage des vertus des plantes médicinales, déjà bien entamé avec Calley, la gouvernante qui l'a élevée. Elle se venge d'Andrew et rencontre Thomas Lumsden. Avec lui nait la deuxième branche, la deuxième lignée des familles mentionnées plus haut.

Je résume l'histoire de Médora car elle est fondatrice des histoires des autres personnages du roman. Chaque chapitre met en avant des protagonistes différents à des époques différentes, tous apparentés, de près ou de loin à Médora. Un arbre généalogique ouvre le livre et permet au lecteur de mieux se situer, car les histoires ne se succèdent pas chronologiquement. La démarche n'est pas évidente car, s'il n'était le talent de Sara Taylor, cet enchevêtrement aurait pu  n'avoir aucun sens. Et pourtant, c'est tout l'inverse. Chaque "mini-histoire" s'imbrique dans l'histoire générale des deux familles, dans l'histoire même de l'Eastern Shore de la Virginie et, peut-être, dans l'Histoire avec un grand H, même si ce dernier point n'est que suggeré à la fin du roman.

J'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture et l'ai classée en or sur booknode.

 

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L'âme de la vallée, Christian Signol

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